Novella 0 - Dicembre

    Avertissement
    Cette « novella 0 » commence le Livre de Paul retraçant l'histoire du clan de Rome, en parallèle du Livre de Kris.
    Elle se situe chronologiquement avant le tome 1 de la série précédente et constitue un préambule parfait à la série des défendeurs.
  • Capitolo 1
  • Capitolo 4
  • Capitolo 2
  • Capitolo 5
  • Capitolo 3

Capitolo 1

Chiara regarda la toile avec sérieux. Cela ne correspondait pas tout à fait à ce qu'elle avait imaginé. Il manquait quelque chose mais quoi ? Elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Le ciel était parfait, orageux, nuageux, dans les bon tons de gris. L'ange qui le traversait était lumineux, parfaitement tranchant avec le reste de la toile. Ses ailes déployées étaient blanches, éblouissantes, son expression grave mettait en valeur son androgynie. 
Battista lui aurait dit qu'elle était parfaite et qu'il n'y avait plus rien à rajouter et pourtant... 
Chiara s'assit sur son tabouret couvert de peinture. Elle-même était couvertes de taches de peinture, sur son jean, sur sa blouse, sur ses chaussures et même sur ses doigts et son visage. Elle savait parfaitement à quoi elle ressemblait quand elle sortait de son cours de dessin. À une parfaite illuminée. 
Elle soupira. Elle ne finirait pas sa toile ce soir. C'était écrit.
Elle se leva, prit son matériel, le nettoya sommairement puis fit tremper les pinceaux dans l'eau avant de se sécher les mains. Elle rassembla ses affaires puis sortit de la pièce.
- Mademoiselle Chiara, fit le veilleur de nuit. Je venais vous dire de partir, justement.
- Ne vous embêtez pas Giovanni, vous voyez, c'est inutile, je pars de moi-même, sourit Chiara. Merci. 
Le veilleur hocha la tête. Il avait pris l'habitude de laisser l'étudiante travailler une heure de plus que les autres mais l'académie fermait à 20h et il venait systématiquement l'en chasser gentiment à 21h. Il râlait au début et puis il avait laissé faire. Elle ne faisait rien de mal, elle peignait. Et diablement bien. 
Chiara lui fit un signe de la main avant de quitter le bâtiment. Il faisait nuit noire quand elle parvint aux rives du Tibre. Elle respira l'air du soir. La circulation était bruyante mais on était en plein cœur de Rome, rien de surprenant à cela. Elle décida cependant de descendre sur les rives pour ne pas subir de trop la civilisation humaine.
Tout en marchant, elle admira le castel san Angelo. Il était à la fois beau et laid, bancal architecturalement et abouti. Elle ignorait pourquoi ce bâtiment l'attirait autant. Peut-être à cause de son nom et de la multitude d'anges sur le pont devant lui. Elle avait passé des heures à les reproduire, chacun d'entre eux, selon des points de vue différents. 
Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle faisait une telle fixette sur les anges. Depuis son enfance, elle ne cessait de les crayonner sans jamais être satisfaite ou lasse. Elle les adorait. Sans être spécialement catholique. Ce qui énervait considérablement la directrice de l'orphelinat, véritable grenouille de bénitier. C'était d'ailleurs le seul sujet de dispute parce qu'Anna Rossi était aussi une sainte femme et aimait chacun des orphelins comme ses propres enfants. 
Chiara sortit son portable pour lui téléphoner. Elle avait dix neuf ans, elle était donc sortie du cercle infernal orphelinat/famille d'accueil et était indépendante. Une bourse pour les beaux-arts et un boulot d'appoint lui permettaient de louer un petit studio et de payer ses études et sa nourriture. Ça lui suffisait. Mais elle avait gardé un lien avec Anna. 
Elle composa le numéro mais n'eut pas le temps de le terminer. Elle se fit percuter et tomba sur le sol, à quelques centimètres du bord du Tibre. Son dos protesta et elle regarda ce qui l'avait frappée. 
Son sang se glaça. 
Une silhouette encapuchonnée dans une tunique noire rapiécée lui faisait face. Comme un nazgul mais plus effrayant parce que réel. Et puis Chiara voyait le corps maigre et décharné en dessous, des cheveux filasses grisâtres pendre de la capuche et des mains tordues et osseuses qui s'emparèrent d'elle. 
Elle hurla et essaya de se dégager. Elle frappa l'être de cauchemar avec son sac puis se mit à courir. Elle essaya de remonter vers le trottoir supérieur, la civilisation et peut-être de l'aide. Elle n'entendait que le bruit de son cœur qui battait contre sa poitrine et regarda en arrière. Peut-être qu'elle avait eu une hallucination. 
Mais non. 
La créature volait vers elle, les bras tendus. Effrayée, Chiara redoubla d'efforts. Mais elle n'était pas très endurante et sentait ses jambes faiblir sous l'effort. Et puis, devant elle, se dressa une autre créature. Chiara s'arrêta, piégée. Essoufflée, elle regarda de tous côtés. Mais il n'y avait personne. Dans cette ville de plusieurs millions de romains, il n'y avait pas une âme qui vive aux alentours. 
Les deux monstres se rapprochaient et l'étudiante essaya de se rappeler des mouvements de self défense qu'on leur avait appris à la fac. Mais elle bloqua quand une odeur d’égout lui parvint. Elle saturait tous ses sens et elle retint un haut le cœur. Elle considéra sérieusement la possibilité de sauter à l'eau et de nager. Mais une des créatures était à présent trop près et tendit son bras. Elle recula pour l'éviter mais tomba dans les griffes de l'autre. Elle hurla de nouveau alors que les doigts osseux et glacés se refermaient sur ses épaules. 
Elle se débattit mais la poigne était ferme. Elle donna un coup de tête en arrière. La créature tint bon. La peur s'empara de Chiara alors que la seconde s'avançait sur elle. L'odeur était insoutenable à présent et Chiara comprit qu'elle allait mourir ainsi. 
Une bouche hideuse s'ouvrit d'où s'échappaient des petites langues semblables à des longs vers de terre. Ils s'approchaient d'elle et la jeune femme hésitait entre crier encore et vomir. Son cœur battait à tout rompre et lorsque l'une des langues toucha sa joue, elle hurla. 
Aussitôt, la créature recula puis s'effondra. Chiara crut pendant quelques secondes que son cri était paralysant mais une silhouette se releva. Elle transperça la créature d'un coup d'épée puis se tourna vers Chiara. 
C'était un homme, apparemment tout ce qu'il y avait de commun et Chiara fut rassurée. Elle était sauvée selon toute vraisemblance. Le guerrier se releva puis pointa son épée sur elle. Chiara prit peur. Venait-elle de passer de Charybde en Scylla ? Mais la créature qui l'étreignait la jeta contre le mur et elle comprit. L'homme ne la visait pas elle mais son agresseur. 
Il se jeta sur le monstre et Chiara se recroquevilla contre le mur. Elle aurait dû fuir mais elle était fascinée par son sauveur. Ce n'était pas qu'un homme finalement, c'était un combattant. Il para plusieurs attaques puis trancha le côté de la silhouette qui poussa un cri strident. L'homme ne se déconcentra pas et planta son épée dans la poitrine du monstre. Il le fit tomber d'un coup de botte avant de le décapiter proprement. 
Il se redressa et repoussa ses cheveux longs et bouclés derrière ses oreilles. Il rangea son épée et se tourna vers Chiara. Il l'observa intensément et l'étudiante déglutit. Il était sublime. Du style Aragorn pour rester dans le Seigneur des Anneaux. Il avait le teint basané, des yeux noirs, une allure virile... il n'en fallait pas plus pour qu'elle ait envie de le dessiner. 
- Vous allez bien ? demanda-t-il en l'aidant à se relever. - Je crois, arriva-t-elle à prononcer. 
Il hocha la tête et Chiara contempla les deux créatures mortes. 
- Qu'est-ce que c'était ? 
L'homme fit jouer ses lèvres, comme s'il hésitait à lui dire la vérité. 
- Des lamcharks, expliqua-t-il finalement.
Enfin, expliquer... c'était un bien grand mot. Chiara ignorait ce qu'étaient des lamcharks. Il vit son incompréhension et eut un sourire.
- Je vais tout vous expliquer mais nous devons gagner un endroit protégé. Ils risquent de revenir. - De revenir ? Pourquoi ?
De nouveau, il sourit comme si elle était ignorante. 
- Je sais que vous avez beaucoup de questions et je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire. Si vous voulez des réponses, suivez-moi.
Et sans rien ajouter de plus, il tourna les talons. Encore hébétée et sous le choc, Chiara mit un moment avant de réagir. Elle finit par le suivre et courut légèrement pour le rattraper. Il avait de grandes jambes et marchait vite. Quand elle fut à sa hauteur, elle ne put s'empêcher de demander :
- Qui vous êtes ?
- Cesare, Cesare Borgia, annonça-t-il comme si c'était évident. 
Chiara écarquilla les yeux. Cesare Borgia ? Elle n'était pas une férue d'histoire mais tout de même, quand on était romain, on ne pouvait pas ignorer qui était Cesare Borgia, le fils du pape Alexandre VI, un guerrier sadique et incestueux qui était mort des siècles auparavant. 
- Vos parents étaient des comiques, sourit-elle.
Elle avait besoin de plaisanter pour se rassurer et faire passer l'angoisse qu'elle ressentait encore. Elle se sentait en sécurité avec cet homme inquiétant mais néanmoins... Il se tourna vers elle avec un air interrogateur puis sembla choisir une réponse.
- Pas vraiment, dit-il.
Il avait l'air sérieux et Chiara douta. Était-ce possible que ce soit le véritable Cesare Borgia ? Mais non... ça n'existait pas des immortels. Les créatures à multiples langues non plus... 
Ils remontèrent sur les quais et le bruit de la circulation, les lumières des voitures et le fait de s'arrêter à un feu piéton en compagnie d'un homme armé d'une épée furent trop de choses à encaisser pour Chiara. Elle avait forcément rêvé... ou c'était une plaisanterie. 
Mais Cesare ne semblait pas rire. Et Chiara vit des taches grisâtres sur son manteau, le sang des créatures qu'il venait de pourfendre. Perdue, l'étudiante le suivit comme une automate. Il avait dit qu'elle devait le suivre si elle avait des questions... peut-être qu'il l’emmènerait jusqu'à un bar où elle retrouverait Battista et ses imbéciles de copains. Son collègue lui avouerait alors qu'ils avaient tout organisé. Elle boirait quelques bières puis finirait par demander le numéro du pseudo Cesare Borgia.
Mais ses espoirs s'amenuisèrent quand il s'arrêta devant la porte d'un hôtel particulier légèrement décrépit, dans une ruelle étroite et tortueuse. Il sortit une clef puis poussa la lourde porte et l'invita à entrer. Elle hésita. 
Elle ne le connaissait pas. Il lui avait sauvé la vie certes mais... puis, se disant qu'il avait une épée et qu'il savait de toute manière la manier, elle n'avait sans doute pas le choix. Priant pour ne pas commettre d'erreurs, elle pénétra dans l'hôtel, Cesare sur ses talons. 
Ce qu'elle découvrit la laissa sans voix.

Capitolo 2

Des sacs, des DVD, des manteaux, des chaussures, des plats vides et sales, des assiettes entamées, des cartons de pizza, des chaussettes... tout était amoncelé partout. Où qu'elle posa les yeux, Chiara ne voyait que le bordel. 
C'était pourtant une maison tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Un petit hall qui donnait sur une salle à manger avec un escalier sur le côté pour monter à l'étage, une cuisine dans le fond et un salon sur la gauche. 
Mais tout était sous un bazar indicible. Son inquiétude précédente laissa place à l'incrédulité. Comment des gens pouvaient vivre ici ? Cesare la dépassa et lança son manteau sur la commode, l'empilant avec les autres sans y prêter attention. Chiara écarquilla les yeux. Rectification : comment un homme aussi beau pouvait être aussi crade ? Il s'aperçut qu'elle ne bougeait pas et se tourna vers elle. 
- Ne faites pas attention au désordre, conseilla-t-il.
Elle eut un petit rire. 
- Ça va être compliqué, se moqua-t-elle.
S'il était vexé par la remarque, elle ne le sut pas. Il se contenta d'hausser les épaules et la pria de le suivre. Elle pénétra dans le salon. 
- Alors, vous êtes quoi ? Vous allez me raconter ?
- Comment ça ?
- J'ai vu deux trucs bizarres, vous les avez tués, je pense et vous m'amenez ici... vous allez me servir un verre de vin et vous allez vouloir... faire quoi ?
Cesare sourit. Il comprit soudainement ce que craignait la jeune femme en face de lui. Il secoua la tête. Mais n'eut pas le temps de répondre. 
- Je suis persuadée que s'il vous disait que le prix pour vous avoir sauvé était de coucher avec lui, vous accepteriez, se moqua une voix.
Chiara se retourna et tomba sur une femme, sublime, en compagnie d'un homme avenant. 
- Lucia, fit ce dernier.
Il secoua la tête puis s'approcha de Chiara. Elle le considéra. Il ne semblait pas aussi menaçant que Cesare bien qu'il sembla assez musclé. Il avait un sourire sur son visage détendu, des cheveux longs retenus en queue de cheval et une légère barbe. Ses yeux noirs semblaient cependant en avoir vu plus qu'assez. 
- Excusez-la, ajouta-t-il en tendant la main vers Chiara. Je m'appelle Paul et voici Lucia. Cesare s'est présenté ?
Elle opina mécaniquement. 
- Asseyez-nous, je crois que vous avez beaucoup de questions à nous poser.
Il l'invita à prendre place sur le canapé qu'il dégagea rapidement avant que Chiara ne s'asseye. 
- Cesare, tu nous fais deux thés ? demanda-t-il.
Il acquiesça et partit dans la cuisine. La femme inconnue le suivit. Chiara la regarda. Elle avait l'allure d'une panthère et roulait des hanches de manière suggestive. 
- Comment vous appelez-vous ? demanda Paul.
Cette question sortit Chiara de son mutisme. 
- Chiara de Luca, répondit-elle.
- Et vous êtes ?
- Étudiante aux beaux-arts. Pourquoi vous posez ces questions ?
- Pour faire connaissance, assura-t-il. Nous ne vous voulons pas de mal mais après ce que vous avez vécu et ce que nous avons à vous dire, il vaut mieux commencer la conversation proprement. 
Chiara ignorait de quoi il parlait mais se laissa porter. La fatigue d'une longue journée mêlée à ses émotions commençait à faire effet. Cesare revint avec une tasse de thé. Elle la prit et ressentit soudainement un profond réconfort. Elle soupira, sentant son corps se libérer de ses tensions. Mais sa méfiance revint au galop. 
- Qui êtes vous ? demanda-t-elle.
- Si cela peut vous rassurer, prenez votre portable et composez le numéro de la police. Si vous avez peur, vous n'aurez qu'un geste à faire pour les appeler, fit Lucia. 
Joignant le geste à la parole, Lucia prit le téléphone de Chiara, pianota deux secondes et le lui rendit. Comme promis, il n'y avait plus qu'à appuyer sur le bouton rouge pour appeler. L'étudiante resta légèrement hébétée, ne sachant comment réagir.
- Lucia, ne sois pas aussi brusque, pria Paul, d'une voix douce.
Elle haussa les épaules et s'assit à côté de Chiara. 
- Je sais parfaitement ce qu'une femme attaquée par des lamcharks peut ressentir, je lui facilite la vie ainsi que la notre. Elle sera rassurée de savoir les flics pas loin et quand elle aura compris qu'ils sont inutiles, elle saura qu'elle n'a plus de raison d'avoir peur.
- Des lamcharks ? répéta Chiara. 
Paul soupira. Il n'aimait pas procéder ainsi. 
- Les monstres qui vous ont attaquée sur les rives du Tibre sont des lamcharks. Ce sont des souterrains qui se nourrissent d'êtres célestes. Schématiquement.
Chiara le regarda sans comprendre. Au moins trois mots qu'il venait de prononcer n'avaient aucune signification pour elle. 
- Posez vos questions sans crainte, nous y répondrons, fit Lucia.
Chiara resta étonnée par ce soudain changement de comportement. Puis soupira. Elle revoyait son attaque. Elle avait vécu tout ça. Ce n'était a priori pas une plaisanterie ou alors une très bien montée... mais elle ne connaissait personne qui aurait eu les moyens d'engager des acteurs pour la mener en bateau... et pour le moment, elle ne voyait pas ce que ça leur rapportait. 
Elle sentait encore la viscosité de la langue contre sa joue et frissonna. Non, c'était réel. 
- Les monstres existent donc, soupira-t-elle.
- Oui. Pas tous ceux des contes de fées mais une bonne partie, assura Paul. Nous les nommons les souterrains. 
- Pourquoi ? s'enquit Chiara. 
Ce mot n'avait rien de démoniaque et elle aurait plus été tenté d'appeler cela des créatures de la nuit ou des êtres obscurs. Mais souterrains... ça faisait presque... normal. 
- Parce qu'ils vivent à Subterraneis, une cité souterraine, sourit Paul.
C'était évident... ce terme n'était donc qu'un gentilé. 
- S'ils avaient vécu à Paris, vous les auriez appelé les parisiens ?
- Probablement, approuva Lucia. Pourquoi se compliquer la vie ?
Chiara n'avait pas grand chose à répondre à ça. Néanmoins...
- Ce sont des démons ?
- Non, réfuta Paul. Les démons sont une catégorie à part de souterrains. En fait, ils en sont l'origine. Ce sont eux qui ont crée toutes les races de monstres à la fois ceux qui ont filtré dans le folklore humain et ceux dont vous ignorez l'existence. 
Chiara acquiesça, essayant d'assimiler l'information. 
- Donc les vampires, les loups-garou... 
- Ils existent tous..., confirma Paul. 
- Pourquoi les humains pensent d'abord à eux ? s'énerva Lucia. 
- Tu as vu le nombre de livres qu'il y a sur eux ? s'amusa Paul. 
Elle haussa les épaules. Néanmoins, elle était vexée que ce soit les premiers monstres auxquels on songeait. 
- Et vous êtes qui, vous ? s'enquit Chiara. Les pourfendeurs d'ombres, les chasseurs de monstres...
- Les défendeurs, interrompit Paul. 
- Les défendeurs ? répéta Chiara. C'est quoi une race à part ? 
- Non. Nous regroupons tous ceux qui ont des capacités magiques et qui veulent aider à combattre les souterrains. 
- Des capacités magiques ?
- Oui, prenons Cesare puisque vous l'avez vu en action. Cesare Borgia est mort il y a plusieurs siècles mais en fait, il avait été maudit par le Pape. Si bien qu'il n'est pas vraiment mort mais qu'il est resté en vie afin de pouvoir expier les pêchés qu'il avait commis dans sa première vie. 
- Vous êtes un zombie ? fit Chiara se tournant vers lui. 
- Je n'ai pas ressuscité, rétorqua Cesare. Je ne suis simplement pas mort. J'ai fait croire, c'est tout. 
- C'est un humain maudit, voilà tout. Lucia par contre est aussi une humaine mais puisqu'un incube l'a violée et lui a injecté un peu de son ADN, elle est devenue en partie souterraine. 
Chiara observa la jeune femme. Elle était estomaquée. À la fois parce que la femme lui paraissait parfaitement normale et pas plus souterraine qu'elle mais ensuite parce que Paul avait dit quelque chose d'assez intime comme s'il s'agissait de ce qu'elle avait mangé au petit-déjeuner. À sa place, Chiara n'aurait pas aimé qu'on dise à une parfaite inconnu qu'elle avait été violée. Mais Lucia ne semblait pas vexée ou attristée. Elle se contenta de lui sourire. 
- Et vous ?
- Moi, je suis comme vous, sourit Paul. Nous ne sommes ni souterrains, ni humains, nous sommes des célestes. 
Chiara resta sans voix. 

Capitolo 3

- Des célestes ? Qu'est-ce que c'est ? Des anges ? Parce que si vous croyez que je suis un ange..., se moqua Chiara.
Paul eut un sourire. Sans savoir pourquoi, cela vexa l'étudiante.
- Comme pour les souterrains, les anges ne sont qu'une partie des célestes. Nous dénommons célestes tous ceux qui sont issus des anges, cela inclut les humains qui ont des accointances avec des anges ou tout autre créature. 
- Comme lesquelles ?
Elle pouvait éventuellement visualiser des anges en train de forniquer avec des humains mais le reste... curieusement, elle voyait assez bien des démons accomplir des expériences et faire naître des créatures dans de la boue, à la Saroumane. Mais les anges... 
Décidément, j'aurais pas dû regarder le seigneur des anneaux, hier. Ça influe sur ma pensée, soupira-t-elle. Et en même temps, cela lui permettait de prendre de la distance et de ne pas appuyer sur le téléphone rouge pour appeler les flics et leur dire qu'elle était détenue par des types étranges qui lui parlaient d'anges et de démons.
- Toutes les créatures mythiques que vous assimilez au bien : les pégases, les licornes, les bonnes fées, etc., expliqua Paul.
Chiara hocha la tête. Elle comprenait. 
- Donc, il y a les souterrains et les célestes et les défendeurs sont moitié moitié ?
- Non, s'amusa Paul. Les défendeurs sont uniquement les êtres qui veulent protéger les humains des souterrains. 
De nouveau, Chiara opina. Elle commençait à avoir mal à la tête mais elle assimilait les informations. Elle croyait vaguement au fait que les humains n'étaient pas les seuls sur terre et avait toujours été attirée par le paranormal alors ce fut plus simple qu'elle ne le pensait. Et puis, elle tiqua. 
- Attendez, vous avez dit que j'étais une céleste ? Genre quoi ? Licorne ? Ça me paraît encore plus fou qu'ange...
- Non, pas une licorne. Vous n'aimeriez pas avoir une corne en plein milieu du front, assura Lucia. 
Chiara n'eut pas le temps de s'étonner de cette répartie. Paul reprenait :
- Il y a probablement dans votre généalogie un ou plusieurs anges et leurs pouvoirs se sont transmis jusqu'à vous. 
- Leurs pouvoirs ? Quels pouvoirs ? Je n'ai pas de pouvoirs !
- Vous en avez forcément puisque les lamcharks vous ont attaquée. Ils n'attaquent pas les humains sans raison. Et je peux affirmer que vous êtes une céleste alors... autant cracher le morceau, conseilla Lucia. 
- Je n'ai pas de morceau à cracher, répliqua Chiara. Je le saurais si j'avais des pouvoirs ! Quand à dire que je suis une céleste... comment vous le savez ? Vous pourriez vous tromper !
- Vous pouvez affirmer qu'il n'y a pas d'ange dans votre généalogie ? Pas d'amants disparus ? De mère ou de père célibataire ? D'ancêtre un peu loufoque qui affirmait avoir été séduit par un être céleste ? demanda Lucia. 
Chiara aurait aimé affirmer qu'elle connaissait ses ancêtres sur le bout des doigts mais ce n'était pas vrai. Elle n'était qu'une orpheline. Et n'avait jamais voulu apprendre à connaître ses parents. Ils l'avaient abandonnée devant une église 17 ans auparavant, elle n'avait plus rien à faire avec eux. 
- Je suis orpheline, répliqua-t-elle simplement. 
Lucia eut un sourire et pencha la tête sur le côté.
- Alors, vous devriez nous croire. Les souterrains sentent les célestes, comme un cochon repère une truffe. Question de répulsion réciproque. Par curiosité, lorsque vous étiez entourée par les lamcharks, vous n'avez pas senti une odeur particulière ? 
Chiara se souvint de l'effluve d'égout qui l'avait enveloppée et de son envie de vomir. Elle dut rendre les armes. 
- Ça sentait les égouts, répondit-elle. 
- CQFD, se contenta de dire Lucia. 
- Mais si vous êtes une souterraine, je devrais aussi sentir les égouts près de vous, non ? Ou alors ça fonctionne selon les races ? 
- Non, j'occulte mon aura. La plupart des souterrains ne le font pas mais je suis en présence de deux célestes et ils n'apprécieraient pas mon odeur, expliqua Lucia. 
Paul et Cesare opinèrent et Chiara soupira. Une céleste... une descendante des anges... elle comprenait pourquoi ces derniers l'attiraient tant à présent. 
- Je suis conscient que tout cela fait beaucoup à digérer. Nous pouvons faire une pause, si vous le souhaitez, proposa Paul. 
- Faire une pause ? Parce qu'il y a d'autre chose à me dire ? Vous utilisez de la poudre de cheminette et il y a une école des défendeurs à laquelle j'ai été accepté ?
Voilà que c'est Harry Potter, maintenant, soupira Chiara. Faut que j'arrête de regarder de la fantasy...
- Il n'y a pas d'école pour défendeurs, nous les formons dans les clans et ils passent des épreuves afin d'être acceptés dans notre organisation, fit Lucia, comme si c'était évident. Si vous avez envie, vous pourrez les passer. 
Chiara la regarda, stupéfaite. 
- Pourquoi ? Je suis céleste donc je dois obligatoirement combattre les souterrains ?
- Non, tempéra Paul. Chaque chose en son temps. Mais votre condition vous obligera à faire un choix. 
- Pourquoi ? s'obstina Chiara. J'ai passé dix-neuf ans sans connaître votre existence ou celle des souterrains. Pourquoi je devrais soudainement me soucier de tout cela ?
- Parce que les lamcharks vous ont poursuivie et que ça m'étonnerait qu'ils s'arrêtent, fit Cesare. 
La peur de se retrouver nez à nez avec ces créatures fit mourir le début de colère que Chiara commençait à ressentir. 
- Nous allons vous protéger, n'ayez aucune crainte, assura Paul. Ensuite, nous verrons. 
- Pourquoi maintenant ? voulut savoir Chiara. 
Paul réfléchit. Il y avait plusieurs raisons. 
- Les lamcharks s'attaquent en général aux célestes nouveaux-nés. Ce sont les seuls souterrains qui peuvent se nourrir de nous. 
- Votre sang est du poison pour tous les autres souterrains, expliqua Lucia avant que Chiara ne demande. 
L'étudiante opina et Paul reprit :
- Parfois, ils s'attaquent aussi aux célestes qui viennent d'acquérir leurs pouvoirs. Ils savent qu'ils peuvent être isolés et sans défense et sans maîtriser pleinement leurs capacités. 
- Je comprends mais encore une fois je n'ai développé aucun pouvoir. Je vous jure que je le saurais si des trucs bizarres s'étaient passés autour de moi ! 
- Parfois les pouvoirs des célestes sont inconscients. Ils ne se manifestent que subtilement, expliqua Paul. Mais la présence des lamcharks ne fait aucun doute. Ils n'attaquent pas à l'aveugle. 
Chiara soupira, essayant de trier toutes les émotions qu'elle ressentait. Mais la porte d'entrée s'ouvrit et deux hommes arrivèrent. 
- C'est la dernière fois que je vais chercher des sushis, je vous préviens ! fit le premier, un homme aux cheveux noirs et au physique typique des Amérindiens. 
- Oh, allez Naples, fit le deuxième, plus jeune. C'était sympa comme expérience. Un resto japonais, ça peut pas être pire que le resto U, hein ? (Son regard tomba sur Chiara et il s'exclama :) Oh, on a une invitée. 
- Je comprends mieux pourquoi tu nous as demandé de prendre pour six, Paul, lâcha Naples en posant le sac sur la table. 
Chiara se tourna vers Paul et il sourit. 
- Je vous présente deux autres défendeurs, Naples et Valens. Ils font partie de notre clan et vous protégeront. 
- Alors, je n'ai pas le choix, comprit Chiara. 
- Vous pouvez toujours rentrer chez vous et attendre que les lamcharks vous trucident, supposa Lucia en faisant une moue. 
- Ce serait dommage, on a acheté une tonne de trucs au japonais ! Tu veux pas manger avec nous ? Les vieux sont un peu chiants mais ça va ! lâcha Valens, en souriant .
Il devait avoir son âge, ou peu s'en fallait et sans savoir véritablement pourquoi, cela rassura Chiara. Comme si la présence d'un jeune adulte était une garantie. 
- Nous ne voulons pas que vous vous sentiez piégée, assura Paul. (Lucia et Cesare se levèrent et aidèrent Naples à sortir les sushis et à les répartir sur des plateaux.) Mais vous devez comprendre votre situation. Vous êtes une céleste, vous êtes une cible pour les souterrains et tant que vous ne maîtriserez pas vos pouvoirs, vous le resterez. Vous pouvez tenter de le faire toute seule ou vous pouvez nous faire confiance. 
Chiara acquiesça mais cela ne la réjouissait pas. Les souterrains, comme ils les appelaient, l'avaient effrayée mais leur souvenir s'estompait. Curieusement. Elle considéra les quatre défendeurs qui se battaient pour avoir les sushis au thon rouge et une étrange énergie la traversa. Ils semblaient former une famille, quelque chose qu'elle n'avait connu qu'avec Anna. Elle eut envie d'en faire partie.
- Tout ça, c'est... ça me dépasse, murmura-t-elle en se tournant vers Paul. 
- Je sais, assura-t-il en posant une main paternelle sur son épaule. Mangez. Ce soir, vous êtes en sécurité. L'hôtel est protégé par de puissants boucliers, les souterrains ne vous traqueront pas ici. Et peut-être que demain, vous y verrez plus clair. 
Elle acquiesça. Elle ne savait pas s'il avait raison mais son ventre gargouilla. Elle avait une faim de loup et il la fit se lever. 
- Nous devrions nous dépêcher si nous voulons avoir quelque chose à manger, conseilla-t-il en lui faisant un clin d'oeil. 
Elle sourit et lui emboita le pas.

Capitolo 4

Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin, Chiara crut qu'elle avait tout rêvé. Mais elle ne reconnaissait pas la chambre et sut que tout était réel. Elle soupira et se leva. Elle se rhabilla et descendit. Elle essaya de ne pas se casser la gueule dans les escaliers. Il y en avait de partout et elle était stupéfaite par le bazar qui régnait. 
Lorsqu'elle arriva indemne au rez-de-chaussée, elle trouva Naples en train de faire du café dans la cuisine. Elle n'avait pas beaucoup parlé avec lui la veille. Avec Cesare, ils semblaient être relativement taciturnes. Aussi fut-elle étonnée quand il lui adressa un grand sourire et lui proposa une tasse de café. 
- Avec plaisir, merci, fit-elle. 
Elle s'installa sur un tabouret et remercia le défendeur qui déposait une tasse devant elle. Elle remarqua un livre ouvert sur le plan de travail intitulé « peintures chez les Incas » et cela l'intrigua. 
- Vous vous intéressez à l'histoire de l'art ?
- Je suis doyen du département d'histoire de l'université de Rome, expliqua Naples. Je suis spécialisé dans les civilisations sud-américaines... normal puisque je suis moi-même un indien mais enfin... Je lis cet ouvrage parce qu'un de mes collègues me l'a conseillé. Il y a des erreurs et je les pointerai à l'auteur. Désolé, je me suis laissé emporter. 
- Je... les défendeurs ont aussi des vrais travails ?
- Il faut bien si nous voulons survivre parmi les humains. Les défendeurs ne gagnent pas d'argent en tuant des souterrains. 
Chiara hocha la tête. Ça se comprenait. 
- Que fait Cesare ? Et Lucia ? Valens travaille aussi ? Et Paul ?
Naples sourit de la curiosité de l'étudiante mais décida de lui répondre. Son chef lui avait dit qu'il devait la mettre à l'aise. Apprendre à les connaître l'y aiderait. 
- Cesare, Paul et Lucia n'ont pas besoin de travailler, ils ont accumulé pas mal de richesses au fil des siècles et les ont fait fructifier. Lucia travaille parfois comme barmaid, pour passer le temps et je fais parfois travailler Cesare comme professeur adjoint lorsque j'ai besoin d'aide. Paul lui, en tant que chef des défendeurs, est trop occupé à aller donner un coup de main aux clans qui le réclament alors il est tout le temps en vadrouille. Quand à Valens, il fait ses études et après nous verrons. 
Chiara écarquilla les yeux. C'était bien loin de ce qu'elle imaginait mais en même temps, les super-héros aussi avaient une double vie. Les comics maintenant... c'est complet, se dit-elle. 
- Vous voyez que tout ceci ne nous empêche pas de vivre une vie normale, ajouta Naples. 
Elle cilla. C'était ça leur démonstration ? Ils parvenaient à vivre normalement alors elle n'avait pas à s'en faire ?
- Mais ce n'est pas la vie que j'imaginais, contra-t-elle. Et si je n'en ai pas envie ? Y a-t-il un moyen de bloquer les pouvoirs que j'aurais soit-disant ?
Elle avait rajouté ça par pure mauvaise foi. Elle avait compris que les défendeurs avaient raison mais le nier lui donnait l'impression de contrôler sa vie. Ce n'était qu'une illusion mais elle y tenait quand même. 
Naples le comprit et ne la corrigea pas. 
- Il y a plusieurs portions et sortilèges qui bloquent les pouvoirs. Je ne les conseille pas, ça finit toujours mal. Et de plus, ça ne peut pas bloquer totalement qui vous êtes. Si vous êtes les cible des souterrains, vous le resterez. Et vous aurez perdu le seul moyen de défense dont vous disposiez. 
C'était logique mais ça énerva Chiara. 
- Alors je n'ai pas le choix, je vais devoir devenir une défendeur, vivre avec vous ?
Cela n'avait pas l'air de l'enchanter mais Naples le comprenait aisément. 
- Non, vous avez le choix. Si vous voulez devenir défendeur, vous pourrez rester avec nous ou bien aller dans un autre clan. Nous pourrons vous faire rencontrer plusieurs défendeurs jusqu'à ce que vous trouviez ceux avec qui vous voulez vous associer. On peut même choisir en fonction de là où vous voulez vous installer. Si jamais, vous ne voulez pas devenir défendeur, nous ne vous y forcerons pas. Il y a toujours Ezeldar qui vous accueillera. 
- Ezeldar ? 
- C'est une cité volante où tous les êtres magiques cohabitent, quelque soit leurs origines. Les souterrains ne peuvent y aller et ceux qui ne veulent pas combattre et vivre tranquillement y trouvent un refuge sur. Puisque vous êtes orpheline, vous n'avez pas d'attache et aller vous installer là-bas devrait être facile. 
Cela semblait alléchant et magique mais Chiara trouvait cela injuste. 
- Ce sont mes deux options ? Devenir défendeur ou bien m'exiler ?
- Vous pouvez choisir de rester sur terre et de ne pas nous rejoindre. Vous seriez une sachante et ne combattriez pas mais bénéficierez de la protection du clan de défendeur le plus proche au cas où. (Il marqua une pause avant de reprendre :) Chiara, vous avez toutes les options que vous voulez. La seule obligation que vous ayez, c'est de connaître et maîtriser vos pouvoirs. Vous êtes intelligente, je ne vais donc pas vous expliquer pourquoi vous le devez. Et pour faire cela, vous pouvez soit nous faire confiance soit vous rendre à Ezeldar. Il y a des tas de gens qui vous aideront là-bas, y compris une communauté de célestes qui vit quasiment en autarcie. Il paraît que c'est merveilleux.
- Mais ce ne sont toujours pas mes premières options, murmura Chiara. 
Naples soupira. 
- Quand j'avais douze ans, mes parents m'ont vendu au temple. Là-bas les prêtres m'ont... dressé puis vendu aux Blancs, aux Espagnols qui venaient de débarquer. Pendant des années, j'ai vécu comme une bête, traité comme un animal, parfois même moins bien. Ce n'était pas ma première option.
Chiara resta interdite un instant puis fut attristé et finalement se sentit coupable. 
- Je sais pertinemment ce que cela fait, ajouta-t-il en s'approchant d'elle. Mais la vie est faite d'imprévus, c'est ce qui la rend si belle. 
Elle le regarda, surprise. 
- Votre vie est belle ? s'étonna-t-elle. 
- Elle ne l'a pas toujours été et je continue à devoir en gérer les conséquences mais à présent, je suis satisfait de ma vie. Parce que je sais qui je suis, ce dont je suis capable et où je veux aller. Et quand vous le saurez, vous irez mieux. 
- Ce sera long ?
- Cela dépend de vous, sourit Naples. 
Chiara leva les yeux au ciel. Mais répondit au sourire du défendeur. Elle commençait à se faire à l'idée. 
- Comment nous allons faire pour déterminer mes pouvoirs ? s'enquit-elle. 
- Nous allons vous tester, fit Paul. 
Elle se retourna, surprise. Paul revenait de la cave, suivi par Valens qui, en sueur, se dirigea vers la cuisine pour aller prendre un verre d'eau. 
- Me tester ? répéta Chiara, peu rassurée. 
Ce mot n'évoquait rien de positif. Elle imaginait des électrodes, des tuyaux branchés à des endroits de son corps qu'elle aurait préféré continuer d'ignorer et de la douleur. 
- Rien à voir avec ce que tu imagines, fit Valens. C'est une machine qui fait tout le boulot. Un peu de sang et hop, t'as droit à un mini sapin de Noël qui t'indique ce que sont tes pouvoirs. C'est indolore... enfin pas plus qu'un piercing. 
- Le mot machine n'est pas rassurant, souligna Chiara. 
Valens s'approcha et se pencha sur elle, lui faisant un clin d'oeil. 
- Je peux te tenir la main, si tu veux. 
Elle leva les yeux au ciel, amusée néanmoins et secoua la tête. 
- Cela ne durera pas longtemps et je vous promets que nous en saurons bien plus sur vous de cette manière, assura Paul. Puisque vous ignorez quels peuvent être vos pouvoirs, nous devons procéder ainsi. Nous ne pouvons pas attendre qu'ils se manifestent plus fortement, s'ils le font un jour. 
- C'est vraiment important qu'on connaisse mes pouvoirs, hein ? Ne répondez pas, c'était une question rhétorique, fit Chiara alors que Paul allait répondre. 
Elle avait parfaitement saisi le problème. Les lam... trucs étaient après elle parce qu'elle avait des pouvoirs. Tant qu'elle ne les maîtriserait pas, elle serait poursuivie. Il était dangereux de s'en débarrasser donc, elle devait les maîtriser pour se mettre hors de danger. Et pour le faire, elle pouvait soit faire confiance aux défendeurs soit partir dans une cité volante. 
Pour le moment, elle n'avait pas envie de se confronter à l'inconnu de nouveau. Alors, elle devait faire confiance à Paul et à sa... machine. 
Elle allait dire à Paul qu'elle était prête mais il l'interrompit. 
- Naples, je dois aller à Saint-Petersbourg, annonça-t-il subitement. Alexey a des ennuis avec des bakés. Valens, prépare-toi, je vais chercher Cesare et Lucia. A moins que tu ne préfères venir...
- Non, ça ira, déclina Naples. 
Paul hocha la tête puis monta les escaliers, suivi de près par Valens. Chiara entendit du bruit puis plus rien. Elle coula un regard vers Naples. 
- C'est ce que je vous disais. Paul doit répondre aux demandes des clans qui le désirent. Alexey dirige les défendeurs de Saint-Petersbourg mais ils ont eu affaire avec une grande bataille, il n'y a pas longtemps et plusieurs d'entre eux sont morts. Ils ne sont plus que deux. Si des bakés attaquent... 
- Des bakés ?
- Des guerriers à plusieurs bras avec une tête de hibou. Ils sont très vindicatifs et sont souvent des mercenaires. Il doit y avoir un souterrain plus puissant là-dessous... mais ne nous en préoccupons pas. Paul saura gérer. En attendant, faisons ce que Paul avait prévu. Allons vous tester. 
Il la conduisit vers la porte donnant sur la cave et Chiara s'alarma :
- Si jamais, je décide d'être défendeur... je vais devoir apprendre toutes les races de souterrains ? Parce que je suis nulle à ce jeu... j'ai déjà oublié le nom de ceux qui voulaient me tuer et là les ba... machins... c'est chaud.
Naples se mit à rire.

Capitolo 5

Chiara était assisse sur le canapé. Elle était épuisée. Ils avaient dit que c'était indolore et c'était vrai. À peine une légère piqûre au doigt et elle avait effectivement vu le sapin de Noël dont parlait Naples. L'objet s'était illuminé, des lumières avaient tourné dans la pièce et puis Naples avait récupéré la machine, qui s'apparentait à un gros dé à coudre, et l'avait déchiffré.
Elle était une céleste, cela ne faisait aucun doute. Et l'ange n'était pas loin dans sa généalogie, sans doute son arrière-arrière-arrière-arrière grand père ou son arrière-arrière-arrière-arrière grand mère. Elle avait eu envie d'en savoir plus mais puisque cela nécessitait de retrouver ses parents, elle y avait renoncé. 
Et puis, le défendeur avait suggéré qu'ils étudient ensemble quel pouvaient être ses pouvoirs. Apparemment, les célestes avaient deux types de pouvoirs : les pouvoirs offensifs et défensifs. Ils pouvaient manipuler un élément ou bien avaient des capacités de guérison, de protection et de perception exacerbées. Ces pouvoirs pouvaient être multiples, sauf concernant les éléments : ils ne pouvaient être reliés qu'à un seul.
Alors elle avait encore donné un peu de son sang dans une autre machine, un espèce de disque ovale qui avait tourné sur lui-même et elle avait eu droit à un second arbre de Noël. 
Naples avait répondu à sa question silencieuse : c'était Paul qui avait crée tous ces appareils. Certains défendeurs, célestes ou souterrains, étaient capables de lire directement dans les êtres et de plonger au cœur de l'ADN pour déduire ce qu'était l'être et de quoi il était capable. Mais Paul voulait pouvoir offrir cette possibilité à tous et avait réussi à recréer un appareil imitant leurs capacités. 
Chiara avait revu son impression sur Paul. Il avait eu l'air d'un mec assez fantasque qui jouait les pères de famille mais c'était aussi un ingénieur apparemment. Un lecteur de carte génétique..., me voilà en pleine science-fiction, avait pensé Chiara. 
Et puis, le résultat était tombé. Ses capacités ne semblaient pas reliées à un élément quelconque mais plutôt à l'espace et au temps. Ce qui voulait dire qu'elle pouvait être capable d'aller et venir où et quand elle voulait. 
- Cela doit se produire dans vos rêves, avait dit Naples lorsqu'elle avait nié avoir fait ce type de voyage. Vous ne vous rappelez pas d'un rêve particulièrement réel ?
Elle avait secoué la tête. Ces derniers temps, elle rêvait d'Henry Cavill mais costumé en Geralt de Riv... alors, elle supposait que ce n'était pas ça. Le défendeur avait alors voulu qu'elle essaie ses capacités. 
Et cela faisait deux heures qu'elle essayait de déplacer son corps astral vers l'autre bout de la pièce. Mais elle n'en pouvait plus. Naples lui donna un verre d'eau. 
- Merci, fit-elle après avoir bu longuement. Je suis désolée que cela ne fonctionne pas. 
- Ce n'est pas grave, assura-t-il. Je suis peut-être un mauvais professeur. Vous auriez plus de facilité avec Paul. 
- Vous croyez ?
- Il est doué pour ce genre de choses, confirma Naples. 
- Vous êtes professeur pourtant, non ?
- Pas ce genre de professeur et à l'université, on se soucie moins que les étudiants aient bien compris ce dont on parle. 
Chiara acquiesça. C'était marche ou crève, elle connaissait bien ça. Elle resta silencieuse et observa la cave. Il y avait des livres de partout, des armes, certaines rangées, d'autres qui trainaient, un mannequin d’entraînement en bois, un grand tatamis et des outils, des vis, des ressorts, des engrenages, des papiers couverts de symboles... on aurait dit le laboratoire de Merlin l'enchanteur. 
Naples ne parlait pas. Il savait qu'elle avait encore besoin d'assimiler tout ça. Ils faisaient tout leur possible pour ne pas trop lui laisser le temps de réfléchir, la tenant occupée avec la découverte de ses pouvoirs mais il fallait aussi le temps de reposer. Quelques instants après, Cesare, Paul, Lucia et Valens apparaissaient dans la cave. Chiara sursauta. 
Ils étaient couvert de sueurs, de sang et de plume. Lucia éternua achevant d'effrayer l'étudiante. 
- Putain, mon allergie au poulet..., lâcha-t-elle. 
- En même temps, regarde-toi, gloussa Valens en prenant une plume collée par le sang sur l'épaule de sa compagne. 
Lucia fit une grimace dégoûtée, lâcha son épée qui tomba sur le sol et monta à l'étage se laver. Cesare ramassa son arme, la posa sur un râtelier, se débarrassa de la sienne et suivie sa compagne. 
- Je crois que tu as perdu ta place à la douche, lança Valens. 
- Lucia aime partager, rétorqua le guerrier.
- J'avais oublié qu'ils baisaient n'importe où, grimaça Valens. Oh, et ne souris pas toi, tu es pire qu'eux ! ajouta-t-il à l'adresse de Paul.
Ce dernier leva les mains, plaidant coupable. 
- Les bakés étaient nombreux ? demanda Naples. 
Il s'approcha de ses compagnons et Paul répondit. 
- Une troupe. 
- On en a fait qu'une bouchée ! claironna Valens. Je crois que j'ai amélioré ma rapidité à la faux. Je pensais pas mais ça tranche drôlement bien les ailes.
Il regarda amoureusement sa faux et Chiara crut vomir. Trancher des ailes ?
Paul remarqua son dégoût et fit signe à ses compagnons de monter. Valens voulut s'excuser mais Naples lui donna une tape sur la tête et d'un signe lui indiqua d'obéir. Il posa sa faux, adressa quand même un regard d'excuse à Chiara puis monta. 
- Pardonnez Valens, pria Paul quand ils eurent disparus, il est fougueux... il faut bien que jeunesse se passe. 
Chiara acquiesça mais contempla le défendeur. Elle avait trouvé Cesare magnifique quand il combattait contre les … impossible de se souvenir du nom... Puis ils étaient rentrés et était devenu un type avec des colocataires bizarres. Paul lui semblait plus incongru, guerrier et en même temps comique. 
Il avait l'air dangereux, ça ne faisait aucun doute. Chiara ne l'avait pas vu se battre mais il avait une prestance, une élégance dans ses mouvements qui lui faisait comprendre que si on le cherchait, on le trouvait. Mais cela collait difficilement avec son physique plutôt engageant et souriant. Avec les plumes et le sang, il avait une tournure presque drôle et Chiara essaya de faire coïncider les deux. 
Inconsciemment, elle prit une plume. 
Un vertige l'emporta et elle se trouva projetée dans un tourbillon de neige. Il faisait nuit noire mais elle entendait le bruit d'une bataille. Un mouvement rapide la fit se concentrer et elle les vit. 
Cesare, Lucia, Valens et Paul... deux autres humains... des êtres ailés, dotés de sept bras, de serres et d'épées. Ils se battaient sur une étendue gelée, une rivière qui serpentait entre des bâtiments colorés. Il y avait des humains tout autour d'eux mais aucun ne semblait se rendre compte qu'une bataille se déroulait. 
Valens faisait tournoyer sa faux, bloquant les épées de ses adversaires, tranchant les ailes, décapitant ou lacérant. Cesare enchaînait les attaques, enfonçant son épée dans les gorges, bras et jambes de ses ennemis. Lucia virevoltait, lacérant les ventres et les visage, brisant les ailes. 
Deux autres humains combattaient dos à dos, un homme et une femme. Elle avait les cheveux gonflés et les yeux voilés et des tornades jaillissaient de ses paumes de mains, éjectant les souterrains loin d'eux. Il lançait des petits poignards sur ses adversaires et Chiara finit par comprendre qu'il les matérialisait à partir de rien. 
Mais c'est Paul qui l'intéressa. Il marmonnait des paroles tout en tranchant, entaillant, lacérant ses adversaires avec sa hache. Parfois, il tendait le bras et le souterrain s'immobilisait le temps qu'il le pourfende. 
Partout le sang jaillissait, salissant l'étendue de glace. Des membres tranchés volaient, des cris fusaient, des râles, des hurlements de douleur... Chiara crut s'évanouir. 
Mais elle se retrouva face à Paul qui tenait ses mains dans les siennes. 
- Vous êtes revenue, sourit-il, rassurant. 
Elle était essoufflée et essaya de se calmer. Qu'est-ce qui venait de se passer ?
- Naples m'a dit que vos pouvoirs avaient trait à l'espace et au temps, je crois que vous venez d'en faire l'expérience. Qu'avez-vous vu ? 
Chiara essaya de rassembler ses esprits. Elle avait le cœur au bord des lèvres. L'odeur du sang et des entrailles emplissait encore ses narines. L'adrénaline courrait dans ses veines mais Paul l'exhorta à respirer. Elle ferma les yeux pour se calmer. 
- Un combat... il y avait Cesare et tout le monde et des monstres ailés et... une rivière gelée, des humains...
Paul posa une main sur son épaule et lui sourit. 
- Vous avez vu le combat que nous avons mené à Saint-Petersbourg. Les monstres ailés étaient des bakés, nous les avons vaincus. 
Elle acquiesça. Elle avait cru comprendre. Ses lèvres tremblaient. La violence de la scène l'avait choquée. Paul le comprenait. Des piques de peur jaillissaient de Chiara. Ses pouvoirs s'étaient ouverts, c'était indéniable. Elle devait apprendre à les maîtriser à présent. 
- En prenant la plume qui était sur moi, vous avez été capable de voir ce que j'avais vécu. Votre pouvoir ne doit pouvoir être canalisé qu'à travers des objets et pas seulement par votre volonté. Ou alors, à force d'entraînement. Vous n'avez jamais vécu ce genre de chose ?
Chiara secoua la tête puis se rappela. Deux jours auparavant, en faisant du rangement, elle était retombée sur ses affaires d'enfants. Anna lui avait donnée une enveloppe contenant le mot de ses parents et un bout de tissu. Quand elle l'avait touché, elle avait aperçu un ange resplendissant et une femme en pleurs qui serrait un enfant contre elle. Une larme avait coulé sur son visage.
- J'ai vu quelque chose, admit-elle finalement. Un ange et une femme... après avoir touché ce qui restait de la couverture dans laquelle mes parents m'avaient enveloppée avant de m'abandonner. 
- Vous connaissiez cette femme ?
- Non... et d'après ces vêtements, on aurait dit que ça se passait des siècles avant. L'ange par contre... (Elle hésita puis se jeta à l'eau:) Depuis toute petite, je suis fascinée par les anges, je n'arrête pas de les dessiner mais je ne suis jamais satisfaite. Et j'ai peint une toile, il n'y a pas longtemps avec un ange... je n'arrive pas à la finir, il y a quelque chose qui manque mais l'ange... c'était celui de ma vision. 
Elle se tut et Paul réfléchit. Il rassembla les morceaux de puzzle avec son expérience et lui expliqua ce qu'elle avait vécu. 
- Cette couverture était peut-être un héritage familial, quelque chose qui avait appartenu à votre lointaine ancêtre, celle qui a rencontré l'ange et portait son enfant. 
- Mais l'ange semblait partir...
- J'ignore véritablement pourquoi mais les anges ne restent jamais auprès de leur progéniture. Si je me fie à ce que j'ai appris d'eux, ils sont tout entier dédiés à la bataille contre les démons. Ainsi, ils ont parfois des vacances mais c'est toujours temporaire. 
- Ils engrossent et s'en vont... super, marmonna Chiara. 
- Je pense que c'est plus compliqué que ça mais oui, sourit Paul. Vos pouvoirs ont dû se déclencher à ce moment-là et vous avez effectué votre premier voyage. Ce qui a alerté les lamcharks. 
- Et tant que je ne les maîtrise pas, ils viendront c'est ça ?
Grave, Paul acquiesça. Chiara soupira. 
Elle ne pouvait plus nier à présent. Elle avait des pouvoirs, elle était en danger et elle avait un choix à faire. Elle embrassa de nouveau la cave du regard puis ses yeux s'arrêtèrent sur un galet de pierre avec un symbole gravé dessus. Elle se leva et le prit dans ses mains. Paul s'approcha d'elle et répondit à sa question silencieuse. 
- C'est le symbole des défendeurs. En latin, nous étions les reus. Le R latin, le R celte et le R arabe sont mélangés. Les trois civilisations qui ont permis aux défendeurs de voir le jour. J'ai voulu m'en souvenir et faire en sorte que les défendeurs savent d'où ils viennent. 
Chiara contempla le galet. Elle aurait pu demander à Paul comment les défendeurs avaient été crées mais cette pierre lui prodiguait un sentiment étrange. 
- C'est à ça que ma vie va ressembler à partir de maintenant ? murmura-t-elle. Défendeur... combattre... (Elle se tourna vers Paul, effrayée.) Ce que j'ai vu, ce combat... je n'y arriverai pas. 
Il posa ses mains sur ses épaules, essayant de la réconforter.
- Vous avez bien plus de force en vous que vous ne le soupçonnez. Mais vous n'avez aucune obligation de prendre part à ce combat. 
- Ezeldar, fit Chiara. 
Paul acquiesça. La cité aérienne serait sans doute la meilleure solution pour Chiara. 
- Avoir des pouvoirs n'est pas synonyme de combat. Vous avez parfaitement le droit de vouloir les utiliser différemment ou ne pas les utiliser. Les décisions que vous allez prendre vont influencer toute votre vie et la précipitation n'est jamais bonne. Rien ne vous empêche de monter à Ezeldar, de maîtriser vos pouvoirs et de revenir si vous le souhaitez. Ou d'y rester si cela vous convient. 
Chiara hésita. Tout cela l'effrayait. Découvrir un monde nouveau, des opportunités, des pouvoirs... c'était excitant mais effrayant. 
- Est-ce que c'est ce que font les célestes ? demanda-t-elle. Si je le suis, mes parents aussi... est-ce que ce sont des défendeurs ? 
- Peut-être, je ne saurais le dire même si leur décision de livrer leur enfant à l'inconnu ne ressemble pas à un défendeur. Mais il est possible que, parmi votre lignée, il y ait eu des défendeurs et que certains de leurs enfants, ne développant pas de pouvoirs perceptibles se soient écartés de cette voie. 
- Les pouvoirs peuvent sauter une génération ? s'étonna Chiara.
- Non. Tous les célestes disposent de pouvoirs mais certains sont infimes, faibles... Certains passent leur vie sans savoir qu'ils en possédaient. La plupart des célestes qui ont vu le jour sur Terre sont des défendeurs. Leur lignée est donc liée à ce choix et ils grandissent parmi nous et développent leur pouvoir. Ceux qui sont en dehors, comme vous, doivent faire un choix. Certains restent, d'autres partent, certains reviennent, d'autres non... C'est à vous de voir. 
- Je n'aime pas la violence, avoua Chiara. 
- Dans ce cas, Ezeldar est une bonne solution. Vous serez au calme pour réfléchir, apprendre à vous connaître, vous, vos pouvoirs. Vous ne craindrez rien et vous ne serez pas obligé de côtoyer des défendeurs. 
- Je ne vous déteste pas...
Paul sourit. 
- Je sais. N'ayez aucune inquiétude.
Il la serra contre lui et Chiara comprit qu'elle avait fait son choix. Elle soupira, soulagée. 

****
Chiara regarda la toile d'un œil neuf. Était-ce ce que son ancêtre avait vu ? Son arrière-arrière-arrière-arrière grand père ressemblait-il à ça ? Ce qu'il manquait à la toile lui sauta aux yeux. Près des pieds de l'ange, à côté de la femme endormie, elle dessina un R stylisé, le symbole des défendeurs qu'elle avait aperçu chez Paul. Ainsi terminée, la toile fut parfaite. 
Elle la signa puis regarda Naples. 
- Je suis prête, assura-t-elle.
Le défendeur opina puis la pria de le suivre. Chiara prit son sac et regarda l'atelier. Elle avait insisté pour venir terminer sa toile. Elle ne l'emporterait pas mais elle avait tenu à la compléter. Elle sortit de la pièce, disant adieu à son ancienne vie et suivit le défendeur. Elle avait hâte de découvrir Ezeldar, la cité aérienne. Mais elle avait un dernier arrêt à faire avant. Elle monta dans le coupé de Naples et lui donna l'adresse d'Anna. 

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