lundi 24 décembre 2018

Joyeux Noël

Bonjour à tous ! 

Je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d'année et pour célébrer le début des réjouissances, je vous propose de découvrir le premier Noël de Saphir. C'est une petite nouvelle qui se situe entre le chapitre 17 et 18 du premier tome. J'espère qu'elle vous plaira.
Bonne lecture et bon Réveillon !



Le premier Noël de Saphir

Je me réveillai, suante et tremblante. Un mauvais rêve. Comme d'habitude. Je n'arrêtais pas en ce moment. Les souvenirs tournoyaient et affluaient en moi. Je réprimai un frisson en repensant à Radomir penché sur moi, muni d'une barre de fer chauffée à blanc. Je croisai les bras sur ma poitrine et mes doigts effleurèrent mes cicatrices. Je ne pourrais jamais oublier cette partie de ma vie.
Je me tournai dans le lit et cherchai une présence. Mais Errol n'était pas près de moi.
Cela ne faisait que quelques jours que l'on dormait ensemble lui et moi. Apparemment, c'était ce qui se passait entre deux personnes proches l'une de l'autre. Cela ne me dérangeait pas. Son odeur de loup et sa chaleur avaient tendance à faire fuir les cauchemars et dormir près de lui était bien plus agréable que de dormir seule. Sans doute parce que cela me rappelait Sylveranne. La louve avait été la seule chose réconfortante à l'époque de mon emprisonnement par Radomir.
Même si Errol était un mâle, son odeur était proche de la sienne. Cela me rassurait et à bien y réfléchir, c'était pour cela que j'étais plus à l'aise avec lui qu'avec n'importe qui d'autre dans le clan.
Excepté Jorak bien entendu. Mais ce n'était pas comparable. Les défendeurs avaient été incroyablement accueillants envers moi et m'avaient protégé comme si j'étais des leurs mais Jorak était Jorak.
C'était lui qui m'avait aidé à m'échapper et lui qui m'avait protégée après la mort de Sylveranne. Mes souvenirs étaient encore flous mais nous tentions de démêler le vrai du faux depuis qu'il était venu vivre avec les défendeurs lui aussi. Cela prendrait du temps mais il était pour moi ce qui se rapprochait le plus d'une famille.
Un bruit me tira de mes réflexions.
C'était un air de musique. Un chant. La mélodie était légère, agréable à entendre. Mais je m'étonnai. Je n'avais jamais entendu ce genre de musique dans la maison auparavant. Et tout cela attisa ma curiosité.
Je m'extirpai de sous ma couette et passai rapidement des vêtements. Je sortis de ma chambre et j'entendis aussitôt, en plus de la musique, des rires et des plaisanteries.
C'était de plus en plus curieux.
Les défendeurs étaient des personnes joyeuses mais ils l'étaient rarement en début de journée. Ils attendaient le soir et se retrouvaient autour d'un verre pour rigoler. C'était la première fois que je les entendais rire de bon cœur d'aussi bon matin.
Je descendis les escaliers lentement. J'étais circonspecte. Après tout, peut-être que ce n'était pas bon signe. Ils avaient peut-être été victimes d'un sortilège. Je rassemblai toutes les connaissances que j'avais commencé à cumuler depuis que je vivais parmi eux et continuai à avancer.
J'arrivai dans le salon et écarquillai les yeux. Je n'avais jamais vu cela. Ils étaient tous rassemblés dans le salon. Des cartons ouverts étaient dispersés dans toute la pièce. À l'intérieur, j'apercevais des boules luisantes et des espèces de chenilles brillantes. Une odeur d'épice et de lait chaud emplissait l'atmosphère. Un sapin répandait un parfum de forêt et je vis Victoria l'entourait de ses chenilles étranges... Curieux.
— Saphir ! s'exclama Errol, me sortant de mon étonnement.
Il s'approcha de moi et me posa un baiser sur le front.
— Tu as bien dormi ? me demanda-t-il en me prenant la main.
J'acquiesçai mais je ne le regardai pas. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de ce qui se passait. Kévin passait des boules à Victoria qui les disposait dans les branches de l'arbre. Jorak se débattait avec des perles rouges. Luna et Kris étaient autour d'un carton et déballaient des petites figurines entourées dans du tissu coloré. Tout ceci me dépassait.
Errol dut s'en apercevoir parce que je le vis sourire. Il passa un bras autour de mes épaules et me fit avancer dans le salon.
— Je suppose que tu ne sais pas ce qu'est Noël, je me trompe ? s'enquit-il d'une voix bienveillante.
Noël ? Ce nom ne m'évoquait rien. Je secouai la tête. Je commençai à comprendre que tout ceci faisait sans doute partie d'une tradition dont j'ignorai tout.
— Tous les 25 décembre, c'est Noël. Le 24, aujourd'hui donc, c'est le Réveillon. On dresse un sapin dans le salon pour le décorer et on fait des cookies et du pain d'épices.
Comme pour appuyer ses dires, il prit une assiette sur la table du salon et me la tendit. Je vis des biscuits secs en forme de bonhommes, d'étoiles et de sapins ainsi que des gâteaux moelleux brunâtres. Je pris un de ces derniers et mordit dedans. Un goût d'épice emplit ma bouche adouci par le miel.
C'était délicieux.
Mais je ne comprenais toujours pas.
— C'est une fête défendeur ?
— Non, sourit Kris en secouant la tête.
Je me tournai vers lui. Il posait une des figurines sur une étagère et je me rendis compte qu'il y en avait beaucoup d'autres. Elles étaient toutes différentes et semblaient se rassembler vers une maison où il y avait un homme, une femme, un âne et un bœuf.
— C'est une fête humaine, une tradition chrétienne, continua-t-il alors que je m'approchai. Il y a deux mille ans, un enfant nommé Jésus est né en Orient. Il a fondé l'une des principales religions humaines en disant qu'il était le fils de Dieu.
J'haussai les sourcils.
— C'était vrai ?
Kris haussa les épaules.
— Aucune idée. Mais beaucoup de gens le croient. Quoi qu'il en soit, depuis lors, on se rappelle sa naissance.
— Mouais, pas sur que tout le monde voit ça comme ça. Maintenant, Noël c'est surtout un temps où on se rapproche de sa famille, on mange et on s'offre des cadeaux parfaitement inutiles, lâcha Kévin. La société de consommation s'est emparé de tout ça et paf... pic de consommation. Les ens achètent, achètent et achètent. C'est pathétique
— Et le prix du sarcasme revient à, roulement de tambour, Kévin ! s'exclama Victoria. Merci, c'est trop aimable de nous faire partager ton enthousiasme.
— Parce que tu y crois, toi ? Tu fêtes l'anniversaire d'un type ou bien tu attends toi aussi de manger le foie d'un pauvre volatile gavé ?
Je ne comprenais pas ce qu'il disait mais je vis le sourire sur le visage de Kris et l'incrédulité sur celui de mon amie. Elle rétorqua :
— J'ai pas dit ça. Évidemment que je ne crois pas en tout cas mais j'aime bien les fêtes de Noël. Pour une fois, on se retrouve tous et puis les cadeaux ne sont pas forcément inutiles.
Je vis Kris et les autres sourire. Je ne comprenais pas bien ce dont il s'agissait mais perçut que l'atmosphère était différente. Bien plus légère que d'habitude. Et même si les défendeurs paraissaient se disputer, c'était amical et bienveillant.
— Oui, j'ai remarqué aussi, souffla Jorak.
Je me tournai vers lui. Je ne l'avais pas senti approcher. Je ne m'étonnai pas qu'il sache parfaitement ce que je ressentais.
— Tu connaissais cette fête ? je demandai, curieuse.
Il secoua la tête.
— J'en avais entendu parler mais c'est la première fois que j'y participe. Ce qui m'embête le plus, c'est que je n'ai pas encore de cadeaux. Apparemment, il faut s'en échanger.
Je fis la moue. Moi non plus, je n'avais rien.
— Ne vous inquiétez pas pour ça, sourit Errol en posant une main sur mon épaule. L'important à Noël, c'est qu'on soit tous ensemble. En vie et en bonne santé.
J'opinai. Après réflexion, pour des combattants, c'était sans doute le plus beau des cadeaux.
— J'ai terminé ! fit Victoria après quelques temps. Vous en pensez quoi ?
Je regardai l'arbre qu'elle venait de décorer. Il y avait des boules rouges et blanches partout, des petites figurines en bois, des perles, des nœuds et des ampoules clignotantes. C'était un assemblage de choses hétéroclites, sans queue ni tête mais curieusement cela donnait un résultat splendide.
— Ben, il est pas tombé, c'est déjà ça, railla Kévin.
— Hey ! s'offusqua la sorcière. L'année dernière, c'était pas de ma faute. J'ai trébuché.
— Ah oui, la fameuse guirlande imaginaire, continua l'aérien, moqueur.
Victoria le foudroya du regard et de nouveau une dispute amicale s'éleva entre eux. Je me pris à sourire. Oui, l'ambiance était curieuse. Je vis Luna et Kris s'étreindre et me mit à les observer. Ils se tenaient légèrement à l'écart, devant leurs figurines et ils se mirent à les contempler en chuchotant. Je percevais entre eux un parfum de nostalgie et d'amour. Ils souriaient en désignant du doigt telle ou telle figurine. Ils semblaient se rappeler des souvenirs heureux.
— C'est une crèche, me souffla Errol et je compris qu'il parlait des figurines. Apparemment, elle leur a été offerte par un ami commun il y a plusieurs siècles. Ils l'appréciaient énormément et ils déballent sa crèche à chaque Noël depuis.
J'hochai la tête. Je comprenais la valeur sentimentale qu'on pouvait avoir pour un objet. Je n'avais jamais éprouvé cela, n'ayant jamais eu quoi que ce soit en ma possession, mais je pouvais concevoir la puissance d'une telle émotion. Pour Kris et Luna, cette crèche signifiait donc beaucoup. Et même si elle symbolisait quelque chose en laquelle ils ne croyaient pas, ce n'était pas important. Elle leur rappelait d'autres choses, peut-être plus importante. J'eus l'intime conviction que ce devait être ça, Noël.
— Kris ! appela Victoria. Tu mets l'étoile ?
— J'arrive, répondit le défendeur avant que je ne m'étonne de cette demande.
Je le vis prendre une étoile dorée puis la poser sur la plus haute branche du sapin. Elle avait sans doute une signification mais je n'en avais cure pour l'instant. Des exclamations retentissaient et les défendeurs souriaient. Un profond sentiment de bien-être m'enveloppa. Une chaleur que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Comme si mes parents étaient toujours près de moi.
Noël...
Voilà une fête que j'allais probablement apprécier.