Je croise les doigts mais normalement, pour Noël, je sortirai un deuxième roman : HOMARO.
En attendant, je vous mets là un petit extrait du livre pour vous mettre en appétit !
J'espère qu'il vous donnera envie. J'attends vos commentaires !
PROLOGUE
Rouen, France - 30 mai 1431
Jeanne serra les dents. La
chaleur du feu qui l'entourait lui brûlait les poumons. Elle sentait
confusément une odeur de chair grillée et savait que c’était la sienne. Une
douleur atroce lui parcourait les jambes mais elle se refusait à crier. Elle
vit des colombes passer au-dessus de sa tête mais se dit que ce n’était que
l'effet de son imagination.
Elle toussa tandis que la
chaleur âcre pénétrait dans ses poumons et chercha à inhaler de l'air pur. Mais
partout c'était une fournaise et elle haletait, peinant à respirer.
Elle entendait indistinctement les bruits de la foule. Elle crut percevoir des
quolibets mais aussi quelques cris de soutien. Elle se demanda si elle ne
devenait pas folle.
Ton heure n'est pas
encore venue mais tu vas devoir faire preuve d'ouverture d'esprit,
lui souffla la voix.
Elle ferma les yeux, mettant sa confiance dans ces mots. Jusque ici, la voix ne l'avait jamais trahie. Mais entourée de flammes, elle se demandait comment elle pourrait encore échapper à la mort. Elle suffoqua soudainement et le doute surgit dans son esprit.
Alors que la
vie l'abandonnait, l'air frais s'engouffra dans ses poumons. Elle se rendit
compte qu'elle ne ressentait plus ni chaleur ni douleur et ouvrit les yeux. Une
femme à la peau d'ébène vêtue de blanc lui faisait face. Elle sourit en
écartant les bras, dévoilant ses dents éclatantes.
***
Damas, Syrie - 4 mars 1193
Saladin
jura. Il toussa, crachant un peu de sang. Il se demanda pourquoi il devait
mourir de cette manière, dans son lit au lieu de périr sur le champ de
bataille. Il avait encore toute sa vigueur malgré son âge. Il aurait encore eu la
force de brandir le sabre si cette maladie ne le clouait pas au lit, lui
prenant toutes ses forces.
Il soupira
et regarda par la fenêtre. Le soleil se couchait, inondant sa chambre de ses
doux rayons orangés. Il avait toujours aimé cette heure-là de la journée. Le
retour de la fraîcheur qui coïncidait avec l'ouverture des plus belles fleurs
de son jardin. Il ferma les yeux, se projetant en bas des marches de son
palais, à l'ombre des dattiers, assis au bord de sa fontaine, entouré de ses
concubines.
Il grogna
tandis que sa poitrine le brûlait. Il pesta de nouveau contre sa maladie et ses
médecins incapables de le soigner. Il avait vécu une vie plus belle qu'il
n'aurait osé l'imaginer mais il avait un goût d'inachevé. Tant de choses restaient
à accomplir.
Il crispa
ses mains sur le coton de ses draps avant de sentir son cœur ralentir et
arrêter de battre. Il se prit à penser qu'il ne sentirait plus jamais le parfum
des fleurs ni l'odeur de la douce brise qui parcourait son jardin ; à cet
instant de l'air frais s'engouffra dans ses narines.
Surpris, il
ouvrit les yeux et se retrouva face à une femme à la peau sombre, habillée
comme un homme qui lui lança un sourire enthousiaste. Il se rendit compte qu'il
était debout et son corps lui faisait l'effet d'avoir reconquis sa vigueur.
Brièvement, il se demanda s'il était déjà au paradis.
Il tourna la tête et aperçut
une femme à la peau laiteuse, les cheveux blonds coupés courts. Elle lui lança
un regard farouche. Il se demanda pourquoi une telle femme était avec lui dans
l'au-delà. Une franque qui plus est. Il n'imaginait pas vraiment l'après vie
ainsi. Il regarda l'autre femme s'approcher d'eux.
Qu'est-ce que cela pouvait signifier?